Diagnostiquer un trouble bipolaire
peut être un défi

« Il est difficile pour les personnes atteintes de troubles bipolaires de mettre des mots sur leurs maux car en fonction des périodes, les émotions s’en mêlent, et s’emmêlent … Alors imaginez pour les aidants, ils se sentent souvent impuissants, mais leur rôle peut être déterminant. Se comprendre soi-même est un véritable défi pour les patients, mais une étape essentielle pour se projeter dans l’avenir. »

« Je vis avec des troubles de l’humeur depuis l’âge de 15 ans et j’ai été diagnostiquée à 35 ans avec des troubles bipolaires de type 1. J’ai connu des phases maniaques très fortes avec des bouffées délirantes, diverses formes d’addiction notamment l’alcool et les anxiolytiques et des tentatives de suicide. Mon premier mariage a été très difficile à vivre pour mon conjoint et nous avons divorcé suite à des comportements excessifs tels que des achats compulsifs qui nous ont mis en danger. Mes proches, mes aidants ne savaient comment s’y prendre car la maladie n’était pas connue. J’ai vécu de multiples hospitalisations et c’est lors de mon dernier séjour à la clinique que j’ai rencontré Marc alors qu’il faisait un burn-out suite à un contexte de travail épuisant. »

« Une fois ma dépression traitée, j’ai décidé de prendre du temps pour bien connaître le fonctionnement de Laurence et appréhender sa maladie. C’est une pathologie très complexe qui nécessite beaucoup d’investissement et de temps pour bien vivre avec. J’ai accompagné Laurence et assisté à des groupes de psychoéducation, des ateliers d’art thérapie ou de méditation. J’ai réalisé que les personnes vivant avec des troubles bipolaires avaient d’excellentes qualités humaines, une grande hypersensibilité, beaucoup de créativité, une forte empathie, une agilité à mener des projets complexes. Laurence étant elle-même artiste professionnelle, je l’ai encouragée pour qu’elle s’accroche à sa passion, qu’elle ait une hygiène de vie plus adaptée et qu’elle ait une bonne observance de son traitement. Je suis également à ses côtés en cas de rechute. Notre vie de couple est sereine mais pas sans difficulté, nous vivons depuis 5 ans ensemble et nous envisageons de nous marier et d’investir dans un projet immobilier. Laurence a une très bonne capacité de résilience et est devenue acteur de sa pathologie. »

« À ce jour, il n’existe pas d’outil d’évaluation objectif pour le diagnostic du trouble de la bipolarité. Le diagnostic des troubles bipolaires repose uniquement sur un examen clinique psychiatrique du patient, réalisé par un médecin spécialiste à l’aide de questionnaires et de diverses échelles validées17. A partir des symptômes rapportés et des signes observés, le médecin peut poser le diagnostic de trouble bipolaire. »

« Les troubles bipolaires sont d’autant plus dévastateurs qu’ils sont pris en charge tardivement. Au-delà des fluctuations de l’humeur non traitées, le risque est que d’autres troubles s’y associent tels que les troubles anxieux et les addictions. L’ensemble peut favoriser une désinsertion sociale et professionnelle voire des conduites suicidaires alors que les personnes dont le trouble bipolaire est stabilisé peuvent avoir un fonctionnement et une qualité de vie tout à fait satisfaisants. »