Les proches et les aidants

Les aidants contribuent à l'accompagnement pour l'autonomie et sont des acteurs indispensables. Les soutenir, les accompagner et leur proposer des temps de répit, c'est participer à leur qualité de vie.

Aides des patients bipolaires : les proches et les aidants
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Troubles bipolaires dépressifs

Souvent, les proches ne mettent pas de limites à leurs engagements. Accompagner une personne souffrant d’une maladie chronique est pourtant extrêmement exigeant et nécessite de nombreuses compétences. Il importe de connaître la maladie et le réseau de soin, de savoir demander de l’aide, d’obtenir les interventions adaptées dans les moments propices.

Des proches bien informés peuvent apporter un soutien efficace et contribuer à la diminution du nombre de rechutes et à leurs conséquences. L’entourage apprend à différencier un « bon jour » d’un état hypomane et « un mauvais jour » d’un état dépressif. Le fait d’avoir une meilleure connaissance du trouble bipolaire permet ainsi aux proches de se sentir mieux préparés à faire face aux moments difficiles, en particulier lors des rechutes.

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Qui prend soin de celui qui prend soin ?

Une question qui n'est pas posée si souvent, voir jamais. Cela n'est jamais venu à l'esprit de Julie de se la poser. Elle était trop emprisonné dans son cauchemar bipolaire pour y penser.

Qui prend soin de ma femme pendant qu’elle prend soin de moi ? Un job à temps plein quand je suis au milieu d’un épisode de bipolarité sévère. Qui s’occupe de son anxiété et de ses peurs ?

M’assisster moi et mes extrêmes est éprouvant, pour ne pas dire plus. Une tâche solitaire sans rétribution. Gérer l’imprévisible, dans l’impossibilité de prévenir les changements d’humeurs. Qui est là pour elle, pour mon frère, pour mes amis proches, tous unis dans cet état de désespoir.

Emotionnellement éreintés par mes besoins et mes demandes. Il y a un chaos malsain dans l’air lorsque je suis vraiment malade. Une absorption égoiste de tout ce qui m’entoure. Plus personne d’autre ne compte.
Je sortais d’une profonde dépression. Peu de temps après, je me retrouvais dans une phase hypomaniaque. L’euphorie ! Je réveillais ma femme à 5 heures du matin parce que je voulais aller faire du shopping. Je devais dépenser de l’argent, beaucoup d’argent et immédiatement. Un symptôme vu et revu de l’hypomanie.

Qui prend soin des bipolaires

Elle essayait de me convaincre que les magasins n’étaient pas ouverts à 5 heures de matin. Quelquechose que je ne pouvais croire mais qu’au final je dus me résoudre à accepter avec difficulté car c’était la vérité.
Finalement, à 9h, après ce qui m’a semblé être une éternité, on a dépouillé les magasins. Je volais, ma carte de crédit creusant un trou dans mon porte feuille. J’étais hors de contôle.

Nous sommes allés chez un bijoutier particulier à Paris. Je choisis une montre très chère. Il n’y avait aucune chance que je la paie au prix fort, alors simplement par manie, je demandai une remise. A ma stupéfaction on me dit qu’ils ne faisaient jamais de remise. Jamais!
J’étais ennivré et très persuasif. Avec ma logorrhée à deux fois la vitesse de la lumière qui pourrait amener n’importe qui à étre désarçonné, j’obtins ma précieuse remise!

Jusqu’à ce jour je ne sais pas si c’etait mon charme hypomaniaque ou s’ils ne pouvaient attendre plus longtemps que je me taise et de se débarasser de moi avant que le prochain client n’arrive et me voit en action. J’ai le profond sentiment qu’il s’agit de la deuxième option.

Pendant ce temps ma femme était épuisée. Tandis que je dépensais l’argent comme s’il n’y aurait pas de lendemain, elle pouvait à peine garder les yeux ouverts. Quand je suis dans cet état d’ésprit, il est très difficile de tenir la distance et elle n’en pouvait plus. Qui prend soin de celui qui prend soin ? Certainement pas moi !

Penser aux autres est la dernière chose qui me vient à l’esprit quand mon humeur n’est pas stable. Quand mon humeur est soit trop haute soit trop basse, je ne pense qu’à moi. Tout le monde essaye de prendre soin de moi mais je suis trop malade pour m’en soucier. Ma bipolarité ne fait aucun prisonnier. Elle est sans scrupule en cela. Quand je suis au plus mal, je fais de ceux qui se préoccupent de moi l’ennemi car je déteste avoir besoin d’eux. Ma maladie a une colère inérante née du tourment qui n’a fait que grandir avec le temps.
Ce tourment avait besoin de soin et après des années j’ai trouvé un moyen. C’est un moyen que j’ai évité si longtemps. La thérapie.

J’ai toujours soutenu l’idée que ma maladie n’était qu’un déséquilibre chimique avec lequel je suis né. N’etait-ce pas ? Mais il y a beaucoup plus que seulement cela.

J’allai découvrir qu’elle avait de profondes racines émotionnelles et psychologiques datant de ma petite enfance qui la déclanchait. Je suis resté éloigné de la thérapie car j’étais terrifié de ce que je pourrais découvrir. Une raison pour laquelle beaucoup de gens; consciemment ou inconsciemment, l’évite.

Comme je le craignais, beaucoup en est ressorti. Il n’y a pas eu grand chose de plaisant, et cela fit horriblement mal. Cela a mis en lumière les démons qui devaient l’être. Je savais que j’avais besoin de réconciliation, mais je ne me rendais pas compte à quel point. Je dus creuser profondément, et je ne vais pas dire que ç’était facile.

Mais ça valait le coup. Je suis allé en thérapie avec beaucoup de scepticisme. Malgré mon cynisme, cela a marché.

Enfin, j’étais capable de remercier tout le monde pour ce qu’ils avaient fait, pour avoir été là pour moi quand cela comptait le plus. Mais ils n’avaient pas besoin de remerciements.

Ils avaient fait tout ça seulement par amour et compassion. Mais en faisant cela ils étaient eux-mêmes passés par leur propre forme de cauchemar personnel. Leur propre Armageddon.

Qui prend soin de celui qui prend soin !